Je pense que beaucoup de personne se reconnaitront dans les mots qui vont suivre car parler de soi et des ses sentiments est toujours quelque chose de très délicat.
Ma « nounours mania » a débuté il y a une dizaine d'années.
Olivier, mon mari m'a commencé une collection avec des ours achetés en magasin.
Un jour, en surfant sur internet, j'ai trouvé un vieil ours abimé à vendre. Je l'ai acheté pour le restaurer.
Mon mari a trouvé le résultat réussi et m'a encouragée à en faire moi-même. J’ai fait mon premier ours avec du tissus qu’il me restait de mes rideaux de salle à manger, mais aujourd’hui, je trouve qu’il ressemble plus à une souris qu’à un ours.
Ensuite, je me suis offert un kit dans une boutique solognote et là j’ai commencé à me faire vraiment plaisir. Cette commerçante a été d’une très grande aide pour moi. Elle avait fait des ours pendant des années et s’était ensuite reconvertie dans les abat-jours. Elle fut un soutien sans faille et l’une de mes premières clientes

Perfectionniste, j'ai pris soin de sélectionner les meilleurs matériaux pour produire le plus fidèlement possible les nounours de nos aïeuls.
Je les fabrique à l'ancienne avec des articulations en bois, des yeux en verre et de la paille de bois pour le rembourrage. Quant au pelage, j'utilise principalement du mohair.
Parfois échevelés ou râpés, verts, bleus ou bruns, ils restent à mes yeux aussi tendres les uns que les autres. Chacun avec sa personnalité et son caractère.
Le reste est question de doigté, de patience et surtout de passion.

Je fais mes patrons, réalise mes ours et rectifie ce qui ne me plait pas. Je recouds, je retaille, ce qui me permets de refaire mes patrons au fur et à mesure pour qu’ils soient comme je les imagine dans ma tête. Puis j'ajoute une touche personnelle à chacun de mes ours afin qu'on puisse deviner ou ressentir un sentiment quand une personne croise son regard. Mes rajouts sont très diversifiés . Cela va des petits accessoires comme des grelots, des pendentifs, des rubans, des collerettes……aux vêtements, chapeaux. ..

Je les aime silencieux ou avec des growlers. En 2007, j’ai testé les boites à musique avec clé ou avec cordelette, et dernièrement un système qui permet de faire tourner la tête au son de la musique.
Je fabrique aussi des ours en laine cardée, c’est assez magique mais le travail ne s’effectue absolument pas de la même manière. Plus besoin de patron mais seulement de l’imagination et mes doigts qui font le reste. Il prend forme avec la multitude de coup d’aiguilles et c’est un peu comme si je faisais du modelage, un peu plus de laine sur le ventre ou davantage sur le bout de son nez, jusqu’à ce que j’obtienne le résultat espéré.
J’ai créé et déposé ma marque, je n’ai pas trop réfléchi, j’ai pris le début de mon prénom « Mag pour Magali et ours en Anglais Bears » ce qui a donné Magbears. Pour mon logo, j’ai dessiné un M majuscule, j’ai fait un grand B majuscule au dessus du M, j’ai mis deux yeux, deux oreilles et le résultat m’a satisfaite pleinement. .

Je me suis contentée pendant quelques années de les exposer dans mon salon pour mes invités. C'était en quelque sorte mon jardin secret. Puis on m'a proposé de venir les exposer au marché de Noël dans ma région.
C'était ma première fois en 2005. Vous dire mon angoisse et mon inquiétude face aux regards de tous ces gens qui allaient venir les voir.

Et puis, grand soulagement, j'ai reçu énormément de compliments qui m'ont touchée.
Depuis mon mari m’aide à la fabrication des ours, il me les rembourre et cela m’a bien soulagée car le rembourrage à la paille de bois est assez difficile à faire.
Je venais au salon des « gueules de miel » en visiteuse avec ma famille et jamais je n'aurai imaginé qu'un jour j'y participerai. Avec le soutien de ma famille, ce fut le cas le 13 septembre 2009.
Angoisse, regards des habitués, enfin tout qui vous fait penser que vous n'avez pas votre place et que les collectionneurs ont déjà tout vu.
Et puis là, c'est la surprise et le plaisir de voir que vos ours plaisent malgré un grand nombre d'exposants.
Ma deuxième fois fut à « Paris Création » le 8 Novembre 2009. Ce salon m’a vraiment permis de me rendre compte que cela me plaisait énormément. Rencontrer d’autres accros d’ours, avoir des discussions inespérées avec des personnes toutes aussi passionnées que moi, c’était génial. Cette fois, nous avions emmené notre fille, Clara de 10 ans. Elle fut enchantée et émerveillée de voir tous ces artistes et toute cette diversité.

Pour la restauration c’est une autre histoire. Le travail s’avère « plus délicat », chaque nounours étant auréolé d’une haute valeur symbolique pour son propriétaire. A tel point que certains peinent à me confier leur fidèle compagnon, ils y sont très attachés. Il représente leur enfance et leur histoire. Le premier ours que j’ai restauré appartenait à un papy de 75 ans ; il était depuis une centaine d’années dans la famille. Il avait de gros trous au niveau du nez, ses pattes étaient abimées, les articulations étaient en mauvais état. Il m’avait demander de venir le chercher pour le réparer mais à l’idée de voir partir, il s’est mis à pleurer. Je lui ai ramener quelques jours plus tard, comme il l’avait connu auparavant. Là, c’est moi qui eu les larmes aux yeux en voyant son visage heureux.
La passion des ours et des poupées anciennes m’a prise d’un seul coup il y a dix ans mais j’avais déjà quelque chose en moi. J’ai toujours bricolé et fait des choses de mes mains, je peints, je tricote, je brode, je couds, je fais de la laine cardée du scrapbooking et je restaure tout ce que je trouve dans une brocante et qui pour moi peut revivre une seconde fois. Je sais tout de suite ce que je vais pouvoir faire avec telle matière ou tel objet.

Mais qui n’a jamais eu d’ours ?
Je crois personne, peut-être est-ce pour cela qu’il passe les années sans prendre une ride.
Il est toujours aussi attendrissant, ne se plaignant jamais et supportant toutes nos humeurs et nos chagrins. Jamais il n’a trahit un secret ou une confidence. Il nous regarde si tendrement avec le regard que l’on attendait de lui. C’est de loin le meilleur compagnon qui existe.
Je pense que c’est un mélange de tout cela que j’essaie de faire ressentir aux personnes qui adoptent mes ours, se rappeler son enfance, un moment agréable partagé avec des amis ou tout simplement savoir qu’il était là quelle que soit le jour, la date et l’heure.

Propos recueillis par AGDM
Photos © Magbears 2009-2010

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